Magazine APF SEP (mars 2003) Dossier Pratique n° 10 – Texte : Dr Claire Loss (journaliste) avec la participation du Pr Emmanuel Chartier-Kastler du réseau de Neuro-urologie Pitié-Garches.

Prévention des problèmes urinaires

Magazine APF SEP (mars 2003) Dossier Pratique n° 10 – Texte : Dr Claire Loss (journaliste) avec la participation du Pr Emmanuel Chartier-Kastler du réseau de Neuro-urologie Pitié-Garches.

Le problème de l’infection urinaire chez les personnes atteintes de SEP est celui de l’infection du « handicapé urinaire » c’est-à-dire la personne dont le fonctionnement de la vessie n’est plus parfait. Des traitements médicamenteux peuvent, en améliorant les qualités de la vessie, prévenir la majorité des infections urinaires. Le cas des personnes avec une sonde à demeure est particulier. Le meilleur moyen de prévenir l’infection repose sur la reconnaissance des symptômes urinaires et la consultation médicale précoce.

Pour savoir comment prévenir l’infection urinaire, il faut en comprendre les mécanismes et les signes avant-coureurs. La SEP favorise l’infection urinaire en raison de deux grandes causes : la première est une vessie qui se contracte trop et trop souvent, la seconde est une vessie qui se vide mal. Dans le premier cas, les contractions excessives de la vessie provoquent une incontinence à l’origine du port de couches, de protections ou d’étuis péniens qui vont faciliter l’infection urinaire. Dans l’autre, l’infection est facilitée car les urines stagnent dans la vessie. Ces deux troubles sont malheureusement fréquents en raison de l’atteinte de la möelle au niveau du centre de coordination vésico-sphinctérien. Ils peuvent exister de façon isolée ou concomitante.

 

Les signes d’alerte Les troubles urinaires

 

Il faut prêter attention aux modifications de la façon d’uriner. Le symptôme le plus courant chez les SEP est l’envie fréquente et impérieuse d’uriner. Cela ne signifie pas obligatoirement que la personne a une infection urinaire mais qu’elle présente un risque accru d’infection.

Les brûlures lors de l’émission des urines et la présence de sang sont en revanche des signes d’infection urinaire.

 

La fièvre

 

Si des signes urinaires apparaissent subitement, il est conseillé de surveiller la température. Quand elle dépasse 38°5 C et/ou en cas de frissons, il est impératif de consulter en urgence le médecin généraliste, l’urologue ou l’équipe qui assure le suivi.

L’examen cytobactériologique des urines (ECBU)

L’examen des urines recueillies après une toilette soigneuse du périnée confirme le diagnostic d’infection urinaire et teste la sensibilité des germes à la batterie d’antibiotiques usuels. Attention, quand la personne porte une sonde à demeure (SAD), l’examen des urines n’est pratiquement jamais stérile. Dans ce cas, seule l’existence d’une fièvre doit faire suspecter une infection urinaire et traiter.

Les signes d’alerte sont à prendre particulièrement au sérieux chez les personnes sous traitement immunosuppresseur et corticoïdes


Le cas particulier des patients sondés

Il n’est pas rare que les SEP évoluées (personnes grabataires, confinées au fauteuil roulant) portent une sonde urinaire à demeure, c’est-à-dire laissée en permanence dans l’urètre. Chez les personnes sondées, il existe souvent une infection urinaire silencieuse (sans signe clinique) qu’il ne faut traiter qu’en présence de fièvre. Le traitement systématique de toutes ces infections diagnostiquées à l’examen des urines conduirait à favoriser la survenue de résistances aux antibiotiques. Le meilleur moyen de prévenir le risque d’infection urinaire est de bannir les sondes à demeure.

 

Pour certains sujets, des solutions chirurgicales peuvent être proposées pour supprimer la sonde :

 

– chez la femme jeune et à peu près stabilisée, on pratique une dérivation cutanée des urines : les urines sont collectées dans une poche collée sur le ventre. L’homme qui peut être appareillé par un étui pénien est moins souvent porteur d’une sonde à demeure.

– chez l’homme qui présente un problème de vidange vésicale, on coupe les sphincters de la vessie qui peut alors se vider sans obstacle dans l’étui pénien.

 

Les traitements médicamenteux

 

Deux types de traitements peuvent améliorer le fonctionnement de la vessie :
– les « alpha bloquants » qui relâchent l’urètre, ce qui diminue le résidu urinaire

– les « parasympathicolytiques » qui relâchent la vessie, ce qui diminue les besoins impérieux et les fuites.

 

La majorité des troubles urinaires des SEP peuvent êtres améliorés par les médicaments, ce qui limite le risque d’infection urinaire.

 

– La percussion vésicale provoque le déclenchement du réflexe mictionnel sous certaines conditions urologiques (pression dans la vessie, qualité de vidange), rarement retrouvées chez les SEP.

– L’autosondage est le premier mode mictionnel utilisé par les paraplégiques. Il a transformé le confort de vie et le taux d’infection urinaire.
– La rééducation périnéale est un moyen à mettre au même titre que les médicaments pour apprendre à bien relâcher le périnée pendant l’émission d’urine. Elle améliore la vidange vésicale.

Dossier réalisé avec la participation du Pr Emmanuel Chartier-Kastler du réseau de Neurorologie Pitié-Garches.

Une prise en charge « transversale »

Il existe actuellement des réseaux spécialisés dits de neurorologie qui prennent spécifiquement en charge les troubles urinaires des SEP. Ces réseaux sont le garant d’une meilleure prévention de l’infection urinaire.

Attention ! La survenue d’une infection urinaire chez une personne atteinte de SEP ne doit pas être considérée comme « normale », mais au contraire conduire à une consultation spécialisée chez un urologue. En effet, l’infection est un signe d’alerte qui doit faire rechercher un « déséquilibre » sur l’appareil urinaire. Les personnes traitées par immunosuppresseurs ou corticoïdes doivent être particulièrement vigilantes.


Pour obtenir des informations sur les réseaux de neurologie :
Se renseigner à :

– l’Hôpital Raymond Poincaré (Garches), Service de rééducation fonctionnelle du Pr Bernard Bussel: consultation du Pr Pierre Denys (médecin rééducateur) et Pr Emmanuel Chartier-Kastler (Chirurgien urologue), tel : 01 47 10 70 70
– Groupe Hospitalier Pitié-Salpétrière (Paris), service d’urologie du Pr Chatelain, consultations des Prs François Richard (urologue) et Emmanuel Chartier-Kastler (chirurgien urologue).

Le Pr Emmanuel Chartier-Kastler qui est le secrétaire général du groupe d’études de neurologie de langue française peut orienter les patients vers un réseau. Le territoire français est a peu près quadrillé, tél : 01 42 17 71 01

Docteur Claire Loss -mars 2003