Syndromes douloureux dans la SEP
APF SEP hors série n°1 (2000). Dossier réalisé par Philippe Comte
Source : SP ACTUEL N° 3/95
« Comprendre le mécanisme de la douleur dans la sclérose en plaques  »
DR Claude Vaney, membre du conseil médical de la société suisse de la sclérose en plaques (SSSP), médecin-chef du service neurologie de la clinique bernoise à Montana en suisse.

La douleur n’est pas un symptôme typique de la maladie.


Elle est cependant très présente et a des origines diverses.

La sclérose en plaques entretient avec la douleur une relation ambiguë.

Pour la plupart des neurologues, la SEP n’est pas une maladie douloureuse.

A cette opinion majoritairement partagée une explication : la douleur ne serait pas un symptôme typique de la maladie.

50% des patients pourtant font un état de syndromes douloureux cliniquement significatifs.

Presque toujours sous-estimée, la douleur qui imprime son rythme affiche plusieurs visages.

La vérité est à l’image de la maladie fuyante….

Expérience sensorielle et émotionnelle subjective, la douleur dont l’intensité est en grande partie fonction de variables psychosociales (état émotionnel comme l’anxiété par exemple) est une sensation à un stimulus associé à une lésion tissulaire réelle ou potentielle.

La nature et les mécanismes impliqués dans le déclenchement de la douleur ne sont pas forcément liés à la SEP.

Il existe trois catégories de douleur.

Les douleurs consécutives aux lésions médullaires

Le sujet éprouve une sensation anormale : fourmillements dans les membres, sensation de bras mort par exemple. Un phénomène déplaisant souvent persistant appelé paresthésie qui peut se déclarer au cours d’une poussée.Le syndrome douloureux peut prendre l’aspect d’une brûlure ou d’un étau. Les troubles neurogènes induisent des troubles de la sensibilité thermique et tactile. Survenant même en dehors des poussées ils peuvent disparaître au bout de quelques mois ou quelques années.

Évocatrice de la maladie, la névralgie de la face ou névralgie du trijumeau, sorte de tic épuisant, est le trouble paroxystique le plus fréquemment rencontré chez les personnes atteintes de SEP.

La douleur sans doute provoquée par la démyélinisation (constatée dans la zone d’entrée du nerf du trijumeau dans le cerveau ) se caractérise par des spasmes brefs sur la partie supérieure du visage (joue, œil, menton).

Autre syndrome aigu, le « signe de Lhermitte » est à l’origine de douleurs fulgurantes dans les membres inférieurs (sensation de décharge électrique dans les membres et le rachis).

Les douleurs liées au déficit

La douleur, habituelle dans un tel cas de figure, est générée par un excès de nociception, c’est à dire par une perception anormalement exagérée des stimuli ordinaires. Dans la SEP, les substances inflammatoires sécrétées dans la lésion activent les récepteurs périphériques appelés nocicepteurs.

C’est pourquoi on parle de douleurs nociceptives dues aux lésions tissulaires. Le syndrome douloureux augmente chez le sujet après un effort physique ou il se manifeste en pleine nuit pendant que le sujet dort. Un simple contact tactile suffit à déclencher une contracture musculaire. Si une irritation de la peau, une distension de la vessie, une constipation ou bien encore une infection favorisent la spasticité, les spasmes vésicaux et digestifs relevant de troubles chroniques, classiques dans un contexte de crises, restent néanmoins rares. De manière générale, les spasmes sont d’autant plus intenses, douloureux que le sujet accuse un déficit sérieux (troubles moteurs).

La douleur peut être due aussi à une déformation articulaire. Troubles douloureux chronique, la lombalgie affecte prioritairement les malades lourdement handicapés en fauteuil. Les douleurs dorsales lombaires touchent à peu près un malade sur cinq.

Les douleurs iatrogènes (imputables à certains traitements)

Souvent dues à l’immobilisation, les douleurs osseuses liées à l’ostéoporose, quant à elles, sont favorisées par les traitements immuno-suppresseurs et corticoïdes.

L’interféron provoque également des douleurs au site d’injection et des syndromes pseudo-grippaux en début de traitement. Compte tenu du caractère multidimensionnel de la douleur, la prise en charge du syndrome douloureux doit s’exercer dans un cadre pluridisciplinaire.

(1)Terminologie employée par l’association internationale de la douleur (IASP).